Escapade dans le Luberon, au château Fontvert

Tss Tss Tss …. fermez les yeux. Vous entendez le chant des cigales ? Bienvenue au cœur du Luberon, massif imposant situé entre Avignon et Aix en Provence. Si vous aimez la nature, la gastronomie et l’authenticité, cette région vaut le détour. Ses patelins perchés à flanc de colline : Lacoste, Gordes, Ménerbes, Bonnieux, sont parmi les plus beaux villages de France. Si celui de Lourmarin retient mon attention, c’est bien sûr pour la beauté préservée de ses vieilles pierres autour du château de style Renaissance, mais surtout parce qu’il héberge un domaine dont on m’a dit le plus grand bien : Château Fontvert.

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Histoire du château Fontvert

Le domaine de Fontvert s’est constitué autour d’un magnifique mas provençal, édifié par une famille huguenote au XVIIème siècle. Durant plus de trois siècles, il a été façonné et exploité par cette famille. C’est au milieu du siècle dernier que le Docteur Olivier Monod, maire du village, par passion de la vigne et amour du pays, décide de s’installer au « château » Fontvert. La photo, du mas et du domaine, a été prise sur les hauteurs. « Fontvert » prend ici tout son sens ! Le domaine couvre aujourd’hui une vingtaine d’hectares de vignes, cultivés en agriculture biologique et en biodynamie, lovés dans 25 hectares supplémentaires de bois, prairies et arbres fruitiers. 

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Le vignoble du château Fontvert

Un peu d’ampélographie

50% de Rosé, 30% de Rouge, 20% de Blanc
L’AOC Luberon est une appellation de la Vallée du Rhône mais elle est en dehors de la zone de production des Côtes du Rhône (au contraire de Cornas et Gigondas par exemple). Néanmoins les vins du Luberon sont souvent produits à partir des mêmes cépages et dans un style similaire.
L’AOC Luberon, c’est plus de 50% de rosé. C’est également le cas au domaine Fontvert. Aujourd’hui, l’ambition est d’accorder une place plus importante aux cépages blancs. Le rosé, très présent dans la région de Provence à des prix très bas, voit les vignerons du Luberon privilégier la qualité au détriment de la quantité. Ainsi l’objectif est de planter plus de Grenache blanc et Vermentino (connu aussi sous le nom de « rolle »). A noter, les vins blancs représentent le quart de la production en Luberon, ce qui est une proportion bien plus élevée que la moyenne dans la Vallée du Rhône. En rouge, on trouve de la Syrah, du Grenache, du Cinsault et du Mourvèdre.
De nombreux surgreffages (remplacement d’un cépage par un autre sans arrachage de la vigne – voir photo) ont été effectués au début des années 2000 afin de corriger les erreurs faites dans le passé.
L’âge moyen relativement élevé des vignes assure une régulation naturelle des rendements (35-40 hl/ha en moyenne). Cela permet une concentration élevée en polyphénols (= tanins et pigments colorants) et en précurseurs aromatiques.

 

Pied de vigne surgreffé

Un climat méditerranéen

Des étés chauds et secs, des hivers plutôt secs et des printemps et automnes doux et sensiblement plus humides. Il pleut en moyenne quasi 2 fois plus à Lille qu’à Lourmarin….Ce climat sec réduit les risques de maladies comme le mildiou et l’oïdium et permet ainsi de limiter les traitements.
La confidence de la Blonde 👱‍♀️ : un des sites les plus ensoleillés de France !
Toutefois, il bénéficie de nuits fraîches et d’hivers frais grâce à la proximité du massif du Luberon.

Des sols variés

Le massif du Luberon est constitué d’une grande barre calcaire, culminant à 1125 mètres, qui s’étire d’est en ouest sur près de 60 km entre Manosque et Cavaillon. De chaque côté de cette zone centrale se trouvent des roches sédimentaires marines (molasses, sables, safres…). C’est sur cette zone sédimentaire qu’est implanté le vignoble du Luberon. Ces sols sédimentaires marins se retrouvent ainsi sur leur vignoble, avec deux grands types bien distincts :
  • des sols de molasses calcaires : conglomérat de galets, de graviers, de sables et de limon (en photo). Sur ces sols, favorables à la concentration des raisins, sont plantés majoritairement des cépages rouges.
  • des sols sableux et marneux. Sur ces sols, favorables à la finesse aromatique, sont plantés principalement des cépages blancs.
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Une position privilégiée 

Le domaine a une position privilégiée, sur le versant sud du Luberon. Une majorité de parcelles sont en coteaux, avec des expositions Sud ou Sud-Est, idéales pour une parfaite maturation des raisins.

Une viticulture soignée

Le domaine est en agriculture biologique depuis 2008. Ils pratiquent une culture biodynamique depuis 2009, mais c’est seulement en 2014 qu’ils ont été certifiés par le label Demeter. Un bel exemple pour la région, car seuls 2 domaines sont certifiés Demeter au sein de l’appellation Luberon. Ils apportent une attention toute particulière aux pulvérisations de bouses et de composts sur les sols. Ces préparations, riches en bactéries et en microorganismes, permettent d’activer la vie microbienne du sol. Si vous avez lu le bouquin de Claude et Lydia Bourguignon (Le sol, la terre et les champs), vous comprendrez à quel point un sol vivant est essentiel ! Lorsque la situation l’impose (parcelle vigoureuse ou productive, conditions climatiques humides…), ils pratiquent l’effeuillage et la vendange verte (= élimination d’une partie des grappes) afin de garantir des raisins qualitatifs et sains.

Qui dit bio dit pas de produits chimiques de synthèse. Seuls du soufre (contre l’oïdium) et du cuivre (contre le mildiou) sont pulvérisés dans leurs parcelles. Mais à des doses homéopathiques ! Par exemple, ils utilisent environ 350g de cuivre à l’année (quand la limite en bio est de 3 kg).

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Par ailleurs, ils n’utilisent aucun traitement insecticide. Les insecticides sont « naturels » : chauve-souris, hirondelles, etc ;). Chaque insecte a en effet son prédateur. Or ici, c’est le paradis des oiseaux. Les espèces y sont nombreuses et variées. Tout est pensé pour créer un écosystème naturel et autonome, clé de voute d’un vignoble où la chimie n’a pas sa place.

Des vinifications respectueuses

« Un usage très réduit des intrants. »

Le domaine va bien au-delà des impératifs du cahier des charges bio :

  • en réalisant toutes leurs fermentations grâce aux levures indigènes, c’est à dire naturellement présentes sur les raisins. Cette pratique, assez courante pour les vins rouges, est déjà beaucoup plus rare pour les vins blancs et encore plus pour les vins rosés.
  • en limitant l’usage des produits œnologiques au strict nécessaire.
  • en réduisant au maximum les doses de sulfites utilisées (doses en moyenne deux fois inférieures aux limites maxi en agriculture biologique).
  • en bannissant toutes les techniques de vinification brutales : centrifugation, traitements thermiques, etc. Vous pouvez voir en photo le filtre utilisé, qui ne date pas d’hier, et qui permet une filtration très lâche afin de retirer uniquement les parties indésirables.

Par ailleurs, si le domaine pratique encore un élevage en fût de chêne français pour certaines cuvées, le bois utilisé est quasi systématiquement du vieux bois (utilisé jusqu’à 10 fois), afin de minimiser l’impact du bois sur le vin.

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Place à la dégustation des vins du Château Fontvert

3 rosés, 3 blancs, 3 rouges

Nous commençons la dégustation avec leurs rosés.

A quelle occasion boit-on du rosé ? Dès qu’il fait chaud et qu’on est bien entourés. Le cadre idéal : le barbecue. Moi qui ne suis pas une fan de viande, j’en bois rarement.

A ma grande surprise, je suis conquise par le Château Fontvert (2020), le 2ème rosé dégusté. Je me projette tout à fait en buvant un p’tit verre lors d’une belle journée ensoleillée. 

👃 Très expressif : Fleurs blanches et fruits jaunes (pêche notamment). 

👄 Ce rosé est bien différent des rosés traditionnels : beaucoup moins explosif au nez mais plus long en bouche. Une belle fraîcheur en finale. 

🍽️ Parfait à l’apéro, bien sûr, mais pas que ! S’accorde aussi parfaitement avec des poissons et saucisses au BBQ, avec des viandes épicées, de la cuisine japonaise ou encore de la cuisine végétarienne (ex: un tian de légumes). 

 

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On passe ensuite aux vins blancs.

Comme précédemment, coup de cœur d’un point de vue prix/plaisir pour la cuvée Château. Composée de 55% Grenache blanc et de 45% Vermentino, cette cuvée est fermentée et élevée en vieux fûts, sur lies, pendant 8 mois.

👃 Fruits exotiques et fleurs blanches, avec quelques notes subtiles de grillées et vanillées.

👄 Notes oxydatives très agréables. Un équilibre parfait entre le gras et la fraîcheur. Une belle longueur.

🍽️ A privilégier pour un repas : légumes (ex: crumble de courgettes au chèvre), viandes blanches, crustacés et poissons un peu gras. Parfait aussi avec du chèvre affiné (ex: Sainte-maure de touraine). Accord plus originaux : truffe noire et foie-gras. 

 

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Place ensuite à la dégustation des vins rouges.

A l’instar des blancs et rosés, je prends ici encore beaucoup de plaisir avec la cuvée Château Fontvert (2019). Composée à 85% de Syrah et 15% de Grenache noir, elle connaît une longue phase de macération pour acquérir richesse, rondeur et complexité aromatique, avant d’être élevée pendant 12 mois en vieux fûts de chêne.

👃 Très joli nez : complexe et puissant, dominé par les fruits noirs avec quelques notes subtiles boisées.

👄 Très belle structure. Notes de réglisse apportées par la syrah. Côté un peu caramel. A boire d’ici 3-4 mois seulement.

🍽️ Viandes rouges, grillées ou en sauce, ou avec des fromages à pâte pressée (ex: Saint-Nectaire fermier, Salers bien affiné).

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Pour finir en beauté…

Parmi leurs cuvées parcellaires , gros coup de coeur pour la 100% Syrah, Le Collet 2019. Elle est réalisée avec les plus vieilles vignes du domaine (50 ans). Le rendement est donc logiquement faible (15 hl/ha). Le vin est élevé 18 mois en vieux fûts de chêne.

👁️ Je note rarement la « robe », mais là elle est trop belle pour faire l’impasse ;). Magnifique couleur, pourpre violine

👃 Superbe nez, sur les épices avec quelques notes cacaotées.

👄 On retrouve ces arômes en bouche. Une très belle tension, apportée par le sol calcaire. Quelle puissance ! Et aussi une superbe longueur. Un peu jeune : à boire d’ici 1 an. Peut vieillir une dizaine d’années sans problème.

🍽️ Mets et fromages de caractère ! 

Cuvée parcellaire Le Collet au centre du domaine

J’espère que ces lignes vous ont donné “le vin” à la bouche ! Et surtout qu’elles vous ont donné envie d’aller visiter cette magnifique région et ce domaine viticole.

A bientôt pour de nouvelles aventures oenologiques !

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