Je me suis mariée en mai 2017. Quasiment 4 ans déjà…Savez-vous quelle était l’ambiance thématique que nous avions donnée à cette journée spéciale ? Le vin bien sûr ! Quand je vous dis que le vin est une vraie passion ; la seconde à partir de ce jour là :). Avec ce thème, nous devions d’autant plus assurer sur la qualité des vins. Vous pouvez imaginer avec quel soin j’ai sélectionné les vins que nous allions servir à nos invités. Le cahier des charges était simple mais exigeant : trouver des vins consensuels, faits proprement, à un bon rapport qualité/prix puisque nous étions 80 ! Je vais ici m’attarder sur LE CLOS ROUSSELY que nous avons servi avec le cabillaud et que je continue à rentrer dans ma cave personnelle depuis. J’ai d’ailleurs visité leur domaine, situé dans le Val de Loire, il y a quelques semaines. En voici un résumé.
Histoire du domaine du Clos Roussely
La minute généalogique
Vincent, le propriétaire du domaine, représente la quatrième génération de la famille ROUSSELY. Il est à la tête du domaine depuis 2001. C’est son arrière-grand-père, Anatole, qui a acheté le Clos en 1917, au lendemain de la guerre. Il s’installe comme vigneron distillateur. Les deux générations suivantes s’éloignent de la vigne en créant une activité de négoce, courante à cette époque. Vincent, sur les traces de son aïeul, reprend l’exploitation des vignes. Oenologue de formation, il assure lui-même les vinifications. Les voyages qui l’emmènent vers les vins du nouveau monde (Australie et Afrique du Sud) lui apportent une expérience supplémentaire, qu’il mettra à profit en reprenant le domaine familial.
Un peu de géographie et géologie
Le domaine se situe en plein cœur de la petite ville d’Angé, à quelques kilomètres de Chenonceaux. Dans ce village, il y a plus de pieds de vignes que d’habitants ! Le domaine surplombe les rivages du Cher et il s’étend sur 10 ha, cultivés en bio. 80% de la surface est du Sauvignon blanc, les plus vieilles vignes ont plus de 80 ans ! Les autres cépages du domaine sont le Côt (le malbec du sud ouest), le Pineau d’Aunis (un super cépage autochtone aux notes poivrées), le Cabernet Franc et le Gamay (le même que dans le Beaujolais).
Le terroir est argilo-calcaire, avec de nombreux silex (plus ou moins selon les parcelles). En profondeur, il y a du tuffeau : la fameuse pierre blanche réputée du Saumurois, utilisée pendant plus de 10 siècles pour la construction de nombreux édifices prestigieux du Val de Loire, et même au-delà, jusqu’à Nantes. Cette roche apporte de la fraîcheur, particulièrement intéressante les années de sécheresse.
Une viticulture soignée
Parce qu’un vigneron moderne comme Vincent apporte un grand soin aux sols, son équipe n’utilise ni herbicides, pesticides, ou autres intrants chimiques.
Concrètement ça se passe comment sur le terrain ?
Les plus vieilles vignes sont travaillées à l’aide du cheval. La femme de Vincent a acheté récemment un cheval de trait. Gibus, c’est son nom, s’habitue progressivement à travailler dans les vignes. Mais pourquoi s’embarrasser la vie avec un canasson d’une tonne ?
- D’abord, le travail est beaucoup plus précis qu’à la machine. Si Gibus n’est pas un minus, le gaillard a des sabots de fée. Grâce à sa prévision, chaque rangée et chaque cep de vigne sont traités quasi individuellement. Vincent est fan de Gibus car l’animal se faufile dans les allées sans risquer d’arracher les pieds de vignes, en particulier sur les vieilles parcelles, parfois octogénaires.
- Aussi, le pépère, malgré sa stature ne tasse pas les sols comme pourrait le faire un tracteur. La terre est mieux aérée. Indispensable pour une vie biologique au sein des sols ! Quant au crottin laissé par l’animal, je ne serais pas surprise qu’il fertilise aussi la vigne.
- Enfin, le cheval permet de ne pas utiliser de désherbants chimiques. En effet, grâce à des outils montés sur la charrue, le désherbage complet du sol est mécanique.
Sur les autres parcelles, le désherbage se fait en partie avec les moutons !
Quand je me suis baladée dans les vignes, je les ai d’ailleurs aperçu au loin. Les moutons, qui appartiennent à la bergerie d’à côté, restent environ 3 mois pour faire les 10 ha. Evidemment avant que le raisin ne pousse les moutons rentrent chez eux, sinon il risque de ne plus de rester grand chose !
Vincent souhaite convertir le domaine en biodynamie, il a ainsi fait ses premières préparations de plantes et tisanes très récemment.
Les vendanges se font majoritairement à la main.
Tout cela a un prix : le prix de la lenteur et du travail bien fait. J’entendais récemment que le labours à cheval ajoute un surcoût de 0,67€ par bouteille. Je trouve que ça les vaut laaaaargement !
Vincent, un vigneron toujours en quête d’expérimentation
La vinification et l’élevage des vins se passent au niveau des caves troglodytes, qui se trouvent sous les parcelles de vignes. Ces galeries de tuffeau ont été creusées il y a 250 ans ! Les conditions sont idéales pour la vinification et le vieillissement des vins.
Ce qui m’a bluffé, ce sont les cuves en inox directement façonnées dans la roche grâce à une technique bien particulière (je vous passe les détails !). La température quasi constante entre les saisons permet d’avoir une fermentation lente et une conservation du vin sans variations thermiques.
Pour toujours tester de nouvelles choses et essayer d’aller plus loin, Vincent a investi il y a quelques années dans une jarre en terre cuite (appelée souvent amphore mais c’est un abus de langage). Il fait des assemblages avec une partie du vin élevée en jarre et des cuvées où la jarre est l’unique « maison de repos ».
PLACE A LA DEGUSTATION DES VINS DU CLOS ROUSSELY
A chaque vin son histoire, son étiquette
Dégustation des vins blancs
Nous commençons la dégustation avec leur blanc d’entrée de gamme : l’Escale, 100% Sauvignon (jeunes vignes). En référence aux gens qui font escale dans la région de la Loire, une escale propice à la détente et à la diversité des paysages. Nous goûtons le 2019 et le 2020 tout récemment mis en bouteille.
👄 Sauvignon typique, très aromatique. Ce n’est pas ce que je préfère, mais ça reste bien fait. Le 2020 est un peu plus frais et moins exubérant.
🍽️ Un vin d’apéro !
On passe ensuite à la cuvée Le Clos, 100% Sauvignon (vignes de 30 ans). La fameuse cuvée de mon mariage :). Evidemment pas le même millésime. On goûte ici le 2019. J’aime beaucoup l’étiquette qui représente : les empreintes digitales des différentes personnes qui travaillent au « Clos », des pieds de vignes et la porte de la cave.
👄 Ce sauvignon est plus rond, un peu plus complexe, avec un bel équilibre. Ses notes d’agrumes sont moins exubérantes. Viennent s’ajouter des notes de fruits exotiques et de fleurs blanches, confirmant la belle maturité de la vendange. Toujours un très bon rapport qualité-prix !
🍽️ Aussi bien en apéritif que pendant un repas : poisson ou viande blanche grillé ou encore accord végétarien (ex: gratin de ravioles aux courgettes). Parfait aussi avec du chèvre frais.
Leur cuvée Chenonceaux est dans la même lignée que Le Clos, mais les vignes sont un peu plus vieilles (une cinquantaine d’années). Elles apportent un peu plus de matière et de longueur en bouche.
La dernière cuvée en blanc, Irréductible, je vous en parle après.
Dégustation des vins rouges
Place ensuite à la dégustation des vins rouges. On commence avec la 1ère cuvée, Canaille, 100% Gamay (vignes de 25 à 50 ans). Vincent a qu’une petite parcelle de Gamay, il complète ainsi avec du raisin d’un voisin qui est en conversion bio (d’où le fait qu’il n’y ait pas encore le label sur cette cuvée). Canaille est élevé 8 mois en cuve inox, pour garder le fruit et la fraîcheur. Canaille symbolise la convivialité, il est le partenaire idéal pour la soirée entre amis.
👄 Ce gamay porte bien son nom ! Un vin léger, gourmand, qui donne envie de sourire et d’être taquin.
Beaucoup de fruits, une belle fraîcheur et un peu de caractère. Là encore un très bon rapport qualité-prix !
🍽️ Au top avec un apéritif et buffet de charcuteries. Ou avec des lasagnes ou spaghetti bolognaise.
Leur cuvée Chenonceaux Rouge est un assemblage de Côt (80%) et de Cabernet franc (20%). Elle est élevée pendant 10 mois en cuve.
👄 Une trame tannique, mais délicate. De la structure, mais sans lourdeur.
🍽️ Viandes rouges en sauce. Certains fromages. Et même ici avec des rillettes de Tours (spécialité locale) c’était nickel !
Place aux cuvées originales
Les cuvées Irréductibles sont natures. Il y a uniquement un très faible apport de soufres au moment de la mise en bouteille (quantité finale < 30 mg/l).
Les 3 cuvées sont très intéressantes, avec une légère préférence pour le rouge ! Le rouge est un assemblage de Pineau d’Aunis et Gamay, avec les plus vieilles vignes du domaine (84 ans!). Le rendement est donc logiquement faible (25 hl/ha). Le vin est élevé en cuve béton naturel.
👃 Très beau nez délicatement poivré.
👄 Beaucoup de finesse et de fraîcheur. Peu tannique. Très bonne persistance en bouche. Un délice !
🍽️ Ultra polyvalent. En apéro. Avec certains poissons (saumon, thon). Avec des fruits de mer sauce tomate. Avec des viandes blanches. Pour finir, avec un bon reblochon fermier.
J’espère que ces lignes vous ont donné “le vin” à la bouche ! Et surtout qu’elles vous ont donné envie d’aller visiter ce beau domaine.
A bientôt pour de nouvelles aventures, très certainement du côté du Ventoux !
Articles similaires : autres escapades viticoles
Escapade en Ventoux, au domaine Saint-Jean-du-Barroux
L'AOC Ventoux est une des appellations les plus étendues du Rhône, à l'est d'Avignon, entre...
Escapade en Bourgogne, au domaine de Lucien et Fanny Rocault
Le vignoble de Bourgogne donne naissance à des vins prestigieux. Si les plus célèbres sont les...
Escapade en Bourgogne, au domaine de la Verpaille
Viré-Clessé est la petite dernière des appellations communales du Mâconnais ; elle date de 99...
0 commentaires