La première fois que je suis allée en Alsace, c’était il y a une dizaine années, avec des amis de mon école d’ingénieur. Nous avons arpenté les marchés de Noël et dégusté quelques vins, mais surtout des vins chauds. Nous n’avions pas vraiment approfondi le vignoble d’Alsace.
A part les Gewurztraminer que mon beau-père servait à Noël avec du foie gras, je n’étais pas une adepte des vins de cette région. Il y a en réalité plein de belles choses à découvrir !
A la découverte du vignoble d’Alsace
La carte du vignoble d’Alsace
Ce vignoble comporte beaucoup de particularités du fait des nombreux changements de reliefs, de topographies et de la variété géologique. Sur 1 commune on peut trouver jusqu’à 5 formations géologiques différentes !
Il faut vraiment visiter cette région pour bien la comprendre.
L’AOC Alsace est plus tardive que la plupart des AOC françaises puisqu’elle date de 1962. En revanche la notion de Grand Cru, que l’on retrouve dans d’autres régions (pas toujours pour les mêmes raisons), apparaît en Alsace dès le 9ème siècle ! De 1975 à 2007, 51 lieux dits ont été progressivement délimités par l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine). Ce n’est qu’en 2011 que ces 51 appellations Grand Cru sont déposées pour les protéger. Celles-ci ont des critères géologiques et climatiques stricts, ainsi que des contraintes renforcées en termes de production. Les vins issus de ces terroirs d’exception représentent seulement 5% de la production totale du vignoble.
Si l’AOC Alsace est tardive, sa route des vins est elle une des plus anciennes routes des vins de France. Elle traverse le vignoble sur 170 km depuis 1953, date de son inauguration. Pour l’emprunter rien de plus simple, suivez les panneaux vert et blanc « Route des Vins d’Alsace ». Idéalement, comptez au moins 3 jours pour la parcourir.
De Thann au sud à Marlenheim au nord, sans oublier le secteur de Wissembourg, à l’extrême nord de l’Alsace, se succèdent des paysages et des sites de toute beauté : vignes impeccablement alignées, villages fortifiés, maisons à colombages, églises romanes et gothiques, châteaux médiévaux…
Mon coup de cœur est le village de Kaysersberg, en photo ici, avec ses nombreuses maisons à colombages, son beau centre historique et son château impérial en ruine sur les hauteurs. Il se situe à une dizaine de kilomètres au nord de Colmar.
Le vignoble d’Alsace : une diversité de cépages
Au-delà de l’extrême diversité des sols, sous-sols et des microclimats, l’Alsace possède une large palette de cépages. C’est évidemment lié.
Au total, 7 cépages principaux. 6 blancs blancs : Sylvaner, Pinot Blanc, Riesling, Muscat, Pinot Gris, Gewurztraminer (en photo à droite, j’adore la couleur rosée de ses baies). 1 rouge , le Pinot Noir.
Vous entendrez peut-être parler des 4 cépages nobles : Riesling, Muscat, Pinot Gris et Gewurztraminer.
Avec la Savoie, c’est la seule région française à mettre le cépage en clé d’entrée. Bien ou pas bien, c’est un vaste débat. Ce qui me plait dans cette démarche est que l’on peut se faire une idée du niveau d’acidité et de structure du vin. Un Sylvaner a en général beaucoup de fraîcheur et une structure légère ; à l’inverse un gewurztraminer a souvent une faible acidité et une puissance aromatique.
L’Alsace, pionnière du vin en bio et biodynamie
Pour la petite histoire, la première ferme française à avoir été convertie en biodynamie se trouve en Alsace et cela remonte à 1925 ! Eugène Meyer est lui le premier viticulteur alsacien à miser sur la biodynamie, en 1969. Même s’il est vrai que l’Alsace a un climat plus favorable à la viticulture biodynamique (vignoble le plus sec de France!) que d’autres régions où c’est plus compliqué et risqué, c’est tout à l’honneur des vignerons. Cela leur demande un investissement temps très important.
Aujourd’hui, près de 25% du vignoble est en bio et/ou biodynamie. Alors que la moyenne nationale est à 12% (pour le bio).
Le vignoble d’Alsace : encore méconnu
La viticulture alsacienne était l’une des plus importantes d’Europe à la fin du moyen âge. Mais la guerre de 30 ans a ravagé le vignoble qui aura du mal à s’en remettre. Encore aujourd’hui les vins d’alsace n’ont pas une très bonne réputation : trop sucrés, donnent mal à la tête, etc. Et ils souffrent encore davantage de méconnaissance !
Avec la nouvelle génération de vignerons, je suis persuadée que l’Alsace a de beaux jours devant elle. Cette nouvelle génération fait d’une part évoluer les pratiques viticoles et d’autre part elle améliore la communication pour augmenter leur visibilité. Pour moi l’Alsace fait partie des régions qui font le plus d’effort.
Si vous ne connaissez pas encore cette région viticole, planifiez vite ce prochain voyage ! Soit en Décembre, lors des marchés de noël, l’ambiance y est féérique. Soit à l’arrivée des beaux jours, au printemps, avant que la saison oenotouristique ne débute.
N’hésitez surtout pas à sortir de la route des vins, car de très bons vignerons se trouvent en dehors.